LECTURE
La dernière bande, Samuel Beckett, Minuit, Paris 1959
avec Jérôme Hentsch
Sous-Sol, Genève, 1994
enquête
Des rapports singuliers auteur–acteur mis en scène par la lecture.
biais
Désintriquer le texte cité par les conditions d’un théâtre de la lecture.
rappel
Cette pièce de théâtre fait apparaître deux corps textuels distincts. Le premier est celui des didascalies – muettes au théâtre mais non à la lecture : Beckett décrit, en préambule, la scène et son seul personnage, puis, par de brèves notations intercalées entre les phrases du personnage, indique ici une pause, là un rire bref…
Le second corps textuel est le texte prononcé par le personnage, composé de plusieurs monologues : ceux qu’il a antérieurement enregistré sur des bandes magnétiques qu’il écoute, commente, interrompt, manipule ; ceux, nouveaux, qu’il énonce à haute voix et enregistre parfois, sur scène.
avant-première
1. Sur une bande vidéo sont enregistrés des plans fixes, couleur, muets, des objets qui reviennent dans le texte : une table, son tiroir, une chaise, une banane (fraîche, mûre, ou très avariée).
2. Des ces enregistrements est montée une bande vidéo faite de successions franches de plans – parfois noirs – recopiés de génération en génération (certains d’innombrables fois) jusqu’à obtenir des images plus ou moins dégradées, parfois presque illisibles, qu’accompagnent alors de forts bruits de souffle.
mise en scène
Au fond de la scène, de biais, une petite table de bois, son tiroir côté salle. Sur la table, empilés, un téléviseur, un magnétoscope, un amplificateur, deux haut-parleurs. Devant la table une caméra vidéo sur trépieds fait face au téléviseur. Deux chaises face à face sont là, à l’avant de la scène. La lumière crue d’un projecteur de diapositives sans image, placé au fond de la salle, découpe l’espace scénique. Les câblages sont faits. La salle reste faiblement éclairée.
lecture
Les lecteurs entrent en scène, branchent les appareils : la caméra filme l’écran, qui diffuse le montage vidéo dont le bruit de souffle, d’intensité variable, est très fortement amplifié.
Livre en main, ils prennent place face à face sur les chaises. L’un lit à haute voix les didascalies, au ton d’une lecture, sans inflexions théâtrales ; l’autre lit de même, sans inflexions théâtrales, le texte du personnage. Leurs voix, pour rester audibles, ajustent leur puissance aux bruits de fond : parfois, un temps, elles doivent renoncer. Monologue et didascalies sont ainsi énoncés à deux voix, du début à la fin du texte :
– Rideau.